La face cachée des crèmes solaires
Si la crème solaire nous protège efficacement des rayons ultraviolets, elle se retrouve aujourd’hui sur le banc des accusés. La majorité des crèmes solaires du marché contiendrait des substances jugées dangereuses. Mauvaises pour la santé humaine, elles auraient aussi des conséquences désastreuses sur les écosystèmes marins. On se retrouve face à un paradoxe : la nécessité de se protéger du soleil, oui, mais à quel prix ? Le remède serait-il finalement encore pire que le mal ?
Voici l’envers du décor d’un simple tube de crème solaire…
Pendant longtemps, se protéger du soleil était le cadet des soucis des vacanciers profitant de la piscine et de la plage. Si les enfants étaient généralement couverts d’un chapeau, les adultes lézardaient souvent au soleil pendant des heures. Certains allant même jusqu’à s’enduire d’huile bronzante dans le but d’accélérer leur hâle.
De très mauvaises habitudes, qui ont conduit à une explosion du nombre de cancers de la peau dans les années 80.
La prise de conscience des dangers de l’exposition au soleil a fini par porter ses fruits. En effet, appliquer une protection solaire est aujourd’hui devenu un geste incontournable et presque automatique.
Cependant, nous faisons face à un autre problème : la dangerosité des crèmes solaires elles-mêmes.
Si leur commercialisation s’est accélérée de façon fulgurante, leurs effets à long terme sur la santé et l’environnement n’ont été qu’assez peu étudiés.
Quel est le problème et que risque-t-on vraiment ?
Les dangers de la crème solaire sur la santé
L’octocrylène : l’ennemi public numéro 1 ?
Le principal composant à être pointé du doigt est le filtre solaire lui-même.
Les plus répandus sont les filtres issus de la pétrochimie, comme l’octocrylène, l’oxybenzone ou encore l’octinoxate. Aussi appelés filtres solaires organiques, ils absorbent chimiquement les rayons néfastes du soleil de façon très efficace.
Problème : l’octocrylène vieillit très mal et se modifie à l’intérieur même du flacon. En quelques mois, il se transforme en benzophénone, un perturbateur endocrinien désastreux pour l’environnement et pour la santé.
Pénétrant profondément dans l’organisme, il est suspecté de provoquer des cancers du foie et des lymphomes. Il pourrait aussi altérer le fonctionnement de la glande thyroïdienne ou encore le système reproducteur chez l’être humain.
Toutes les études réalisées ont conclu qu’utiliser une crème solaire périmée représente un réel danger pour la santé.
Crèmes solaires minérales : gare aux nanoparticules !
Il existe également des filtres solaires minéraux naturels, comme le dioxyde de titane ou le dioxyde de zinc, qu’on retrouve notamment dans le sable. Une fois encore, tout n’est pas si rose… L’industrie cosmétique a la fâcheuse habitude d’utiliser ces filtres minéraux à l’état de nanoparticules. Ces fragments métalliques minuscules, presque indétectables, peuvent eux aussi franchir toutes les barrières naturelles de l’organisme. Ils traversent ainsi la peau, la barrière hémato-encéphalique et peuvent même atteindre le placenta et le fœtus, selon un rapport du Haut Conseil de la Santé Publique daté d’avril 2018.
Si c’était si dangereux, ce serait interdit… non ?
Les filtres solaires chimiques et les nanoparticules sont régulièrement contrôlés mais ne sont pas interdits pour l’instant. Les recherches se suivent et se contredisent parfois. On notera tout de même que bien souvent, les études attestant de leur innocuité (tant sur la santé que sur l’environnement) sont conduites ou financées par de grands groupes de l’industrie cosmétique eux-mêmes. Si cela ne remet pas en cause le sérieux des travaux menés, on peut légitimement douter de l’objectivité de l’interprétation des résultats…
L’impact de la crème solaire sur l’environnement
Le corps humain est affecté par la nocivité des crèmes solaires, mais la nature n’est pas en reste, et c’est bien le moins qu’on puisse dire ! Les crèmes solaires représentent un véritable désastre pour l’environnement.
Le corail : grand perdant de notre protection solaire
Celui qui souffre le plus des filtres solaires est sans aucun doute le corail.
Les filtres chimiques et les nanoparticules l’agressent et bloquent son processus naturel de photosynthèse, ce qui altère progressivement toutes ses fonctions vitales.
Le récif corallien se fragilise, il commence par blanchir puis finit par mourir, entraînant avec lui la disparition d’une multitude d’espèces marines.
Dans la très prisée Maya Bay, en Thaïlande, lieu de tournage du film La Plage, les autorités ont déploré la mort de plus de la moitié des coraux après seulement quelques années de tourisme de masse.
Le gouvernement tente aujourd’hui de sauver ce qui peut l’être, en interdisant l’accès à la plage paradisiaque plusieurs mois par an.
Que devient la crème solaire une fois dans l’eau ?
Une fois dilués dans l’eau, les résidus cosmétiques des filtres solaires dérivent au gré des courants. Ils viennent tapisser le fond de l’océan où ils sont ingérés par de minuscules organismes aquatiques. Les composés toxiques remontent ensuite la chaîne alimentaire, jusqu’à l’humain, comme un sournois retour à l’envoyeur.
D’autres ingrédients tels que les silicones et les parabènes se dispersent également dans l’eau de mer. Ils perturbent et altèrent eux aussi le corail et la faune marine.
L’équilibre fragile des lacs et rivières n’est pas épargné par le fléau car leur taille réduite augmente rapidement les taux de concentration de substances toxiques.
Le saviez-vous ?
Plusieurs états du Pacifique ont déjà décidé d’interdire les crèmes solaires nocives pour protéger les coraux, sous peine d’une amende salée pour les contrevenants.
Depuis 2020, une dizaine de filtres solaires sont ainsi désormais interdits à Palau, qui a emboîté le pas à l’archipel d’Hawaï et à la Micronésie.
Et si je mets de la crème solaire sans me baigner ?
On pourrait penser que le problème est réglé, mais la réponse est… pas vraiment ! S’enduire de crème solaire après être sorti de l’eau ou pour bronzer dans son jardin n’est pas une solution miracle.
La première cause de pollution chimique des mers est l’évacuation des eaux usées. Les nanoparticules sont beaucoup trop fines pour être filtrées… Quoi qu’il arrive, votre crème solaire disparue dans le siphon de la douche finira un jour ou l’autre dans l’océan. Elle mettra seulement plus de temps.
Mais alors, comment se protéger du soleil sans sacrifier l’environnement et sa santé ?
Comme souvent, la réponse à un dilemme se résume en 1 mot : compromis.
Certes, on n’achète plus son écran total avec des œillères, mais hors de question pour autant d’arrêter de se protéger des rayons UV !
Il suffit de retrouver un peu de bon sens en profitant de l’ensoleillement avec parcimonie.
On réapprend à apprécier la douceur et la lumière du soleil, sans rechercher sa brûlure. On se couvre en plein soleil, on ouvre son parasol et on s’enduit de crème solaire naturelle quand c’est nécessaire.
Mais désormais, choisir une bonne crème solaire n’est plus qu’une question d’indice de protection, il est grand temps de retourner les flacons et de scruter les étiquettes !
Opter pour une crème solaire minérale sans nanoparticules
Aucune crème solaire ne peut se vanter de n’avoir aucun impact sur l’environnement, mais la meilleure alternative est sans doute la crème solaire minérale sans nanoparticules.
Elle contient des micro-grains (non nanos) de dioxyde de titane ou de zinc qui ne pénètrent pas, ou beaucoup moins, dans la peau. Seul inconvénient : leur finesse moindre peut laisser de légères traces blanches à l’application.
Il suffit de chauffer légèrement la crème dans le creux de la main et de bien masser pour régler ce petit désagrément.
Repérer les crèmes solaires à éviter
Sélectionnez rigoureusement votre crème solaire minérale : beaucoup de produits, même Bio, contiennent des nanoparticules. Évitez aussi les sprays et les aérosols : leurs composants se répandent plus facilement dans le sable et ils peuvent pénétrer profondément les voies respiratoires. Préférez les textures fluides à étaler, qui sont aussi plus faciles à doser
Marque de crème solaire éthique : attention aux fausses promesses !
À vous de garder un œil critique pour ne pas vous laisser enfumer par le greenwashing de l’industrie cosmétique. Renseignez-vous sur le concept de la marque qui vous intéresse. Si celle-ci commercialise principalement des crèmes solaires classiques, vous êtes en droit de douter de sa sincérité écologique et de sa volonté de préserver votre santé.
Heureusement, il existe des marques réellement engagées qui essayent, à leur échelle, de changer les choses.
C’est le cas de Niu, une marque strasbourgeoise, qui propose une gamme solaire sans nanoparticules, dans des flacons en aluminium 100 % recyclables ! Avec son ONG Octop’us, la jeune start-up réalise un vrai travail de protection des océans et de dépollution des plages. Pour découvrir les produits Niu, cliquez ICI !
Peut-être est-il temps aussi de repenser notre rapport au soleil et au bronzage. Combien de fois avez-vous entendu (ou dit) “Tu reviens de vacances ? Tu as bien bronzé !” ou “Tu n’as pas beaucoup bronzé dis donc !” ?
Les vacances d’été sont faites pour beaucoup de choses : découvrir, se détendre, se retrouver… mais pas pour être bronzé à tout prix. Surtout quand le prix en question… c’est la santé et l’avenir de l’océan !
Alors, on sirote sa limonade à l’ombre, on met son plus joli chapeau, et on ne cherche plus à gagner le concours du teint le plus hâlé au retour des vacances. ♥